L'histoire de La Chapelle-Moulière


Les origines

La Chapelle-Moulière tient son nom, d'une part, d'une chapelle de prieuré, d'autre part, des pierres meulières que l'on extrayait de la forêt voisine pour en faire des meules de moulin. En 1077, le comte de Poitou duc d'Aquitaine cède la villa de Molerias à l'abbaye Saint-Jean-de-Montierneuf qu'il a fondée l'année précédente à Poitiers. En 1157, le pape joint la capella Moleriarum à cette même abbaye. Un prieuré qui en dépend est implanté en ce lieu sur un front de défrichement de la forêt, puis érigé en paroisse. Jusqu’à la Révolution, le prieur fut seigneur du lieu. 

La Chapelle-Moulière devient commune en 1790 et reste paroisse du diocèse de Poitiers. Comme aujourd'hui, l'habitat était dispersé dans un bourg et une trentaine de hameaux que localement on appelle villages. L'église, le vieux cimetière, les croix des chemins, témoignent de la christianisation de la population encore attestée à la fin du XIXe siècle. L'église, dont des modillons datent du XIIe siècle, a été agrandie au XIXe siècle. Au-dessus de la porte principale, des modillons ont été sculptés par le curé de la paroisse vers 1900. Ils constituent une rareté artistique dans la région. 


Saint-Claud

Sur la rive gauche de la Vienne se trouve le plus ancien lieu-dit habité de la commune (fin du Xe siècle), Saint-Claud, du nom de saint Cloud. Les notaires écrivaient « Saint-Clouaud », les anciens prononçaient « Saint-Quiau ». Y coule une source qui fut réputée pour guérir les clous (les furoncles). Avant l’adduction d’eau courante, on allait y puiser à boire. Unmoulin à eau y fonctionna jusqu’au début du XXe siècle. Aux environs se tenait la foire aux bestiaux et autres denrées. La foire de Saint-Claud se déroulait les 7 et 21 septembre. Créée en 1490, elle disparut au cours des années 1930. En aval du moulin et de la source, les femmes allaient rincer le linge de leur lessive, et ce jusqu’aux années 1950. 

Après la Seconde Guerre mondiale, la fête de la Saint-Claud, le 7 septembre, permet aux jeunes de danser sous un « parquet ».


L’économie agricole

Pendant des siècles on a vécu de la culture des céréales et un peu de celle de la vigne. On élevait des moutons pour la laine que les  femmes filaient, de même que le chanvre. On labourait la terre à la force des bras avec la  piarde (une houe) ou avec l'areau prononcé l'ariau (l'araire) tiré par des bœufs, des mulets ou des ânes. La charrue ne s'imposa que vers la fin du XIXe siècle. 

L'élevage des bovins ne se développera progressivement qu'au début du XXe siècle orientant la production vers la polyculture qui persistera bien après 1945. En 1952 la commune compte encore 45 exploitations agricoles. Chacune a son petit troupeau de vaches. Leur lait est transformé par la laiterie-coopérative d'Archigny. En hiver, on tue le cochon. On verra des champs de tabac. La mécanisation avec les tracteurs agricoles va aller en s'accélérant, d’énormes moissonneuses-batteuses vont surgir. Ne subsisteront que trois exploitants, très spécialisés, au début du XXI e siècle.

Il faut souligner une particularité : durant au moins quatre siècles, et jusque bien après les années 1950, la culture des cerisiers et la vente des cerises sur les marchés des villes furent la spécialité de La Chapelle-Moulière. En 1912, sur les 1112 quintaux de cerises que produit le canton de Saint-Julien-L'Ars, 1000 proviennent de La Chapelle.


La société 

Au XVIIIesiècle, la société fut surtout composée de paysans. Les commerçants et les artisans cultivaient aussi leur terre. Les familles habitaient généralement des petites maisons ne comportant qu'une seule pièce faisant chambre et cuisine. La cheminée servait tant au chauffage qu'à la cuisson des aliments. On vivait au rythme annuel des fêtes religieuses et des travaux agricoles.

Des recensements du XIXesiècle et du début du XXesiècle (sur le site des Archives départementales) se déduisent les structures socio-professionnelles : principalement des paysans, des artisans  au service de l’agriculture comme les maréchaux-ferrants, des artisans du bâtiment, des artisans du vêtement, des commerçants. Les modifications sont faibles. Mais au début du XXesiècle, alors que se confirme le règne des petits propriétaires-exploitants, ont disparu les tisserands et les tailleurs d’habits et l’on voit apparaître un exploitant de machine à vapeur et des couturières.  

En 1906, la boulangerie-coopérative, créée sur la place de la mairie, va remplacer les fours familiaux. Elle fermera en 1971 annonçant la fin d’une communauté d’habitants qui se connaissaient tous. 

Cette communauté organisait encore, dans les années 1960, les fêtes des laboureurs pendant lesquelles les enfants défilaient, parfois sur des véhicules décorés. Puis il n’y aura plus que le banquet des laboureurs qui à son tour disparaîtra. Cependant, la salle des fêtes, construite à la fin des années 1980, accueille des associations et favorise de nouvelles formes de convivialité. Au changement de siècle se constate réellement la modification profonde de la société, les anciens ruraux disparaissant et laissant place à des « rurbains » qui travaillent ailleurs. Ces derniers sont-ils en train d’inventer un nouveau style de relations sociales avec le repas des voisins et le vide-grenier qui mobilise les parents d’élèves de l’école ?       


La population

La population fut longtemps éprouvée par de fortes mortalités. Par exemple, à la fin des années 1740, elle perdit le dixième de ses habitants en trois ans du fait d'une disette suivie d'une épidémie. La population compte 471 habitants en 1799. Elle croît jusqu'à atteindre un pic de 663 en 1861. Avec l'émigration rurale, elle décroît, passe à 505 en 1911, s'effondre à 354 en 1975. Enfin elle remonte pour dépasser 514 habitants à partir de 1999, puis atteindre le maximum de 674 habitants en 2014. 


Les guerres

En 1793-1794, les habitants sont soumis aux réquisitions pendant la guerre de Vendée. Après la levée en masse des jeunes hommes et la conscription, des garçons de la commune participent aux guerres de la Révolution et de l'Empire. Certains trouvent la mort en Europe entre Madrid et Varsovie. 

La guerre de 1914-1918 éprouve toutes les familles. Les femmes prennent la responsabilité des exploitations. De nombreux soldats reviennent blessés ou estropiés. Le monument aux morts dressé près de l'église porte le nom des quatorze enfants de La Chapelle morts pour la France. 

En 1939, les familles d'un village de Moselle, dans la zone de la ligne Maginot, sont évacuées et trouvent refuge à La Chapelle. Lors de la campagne désastreuse de 1940, des hommes de La Chapelle sont faits prisonniers. D'autres, tout en combattant, parviennent à rester libres. Le dimanche 23 juin 1940 se déroule à La Chapelle l’un des derniers affrontements. Un détachement de tirailleurs sénégalais de l'armée française, par la fermeté de son attitude, impose le respect aux Allemands qui lui rendent les honneurs. Mais l'invasion submerge le pays et les habitants doivent subir l'occupant, y compris dans leurs maisons, jusqu'à l'été 1944. De jeunes hommes participeront à leur tour à la guerre d’Algérie. Trois générations successives ont donc connu la guerre.  


L'école

En 1826, une petite école compte 28 garçons en hiver, et en 1842, 20 garçons et 8 filles. Un nouvel instituteur est accepté en 1849. En 1867, le conseil municipal exprime le besoin d'une maîtresse de travaux d'aiguilles pour les filles et souhaite des cours du soir pour les adultes. Le fait est qu'en 1872,  savent lire et écrire 43 % des habitants de sexe masculin de plus de six ans, et 30 % des filles et des femmes. Après les lois de 1881 et de 1882 rendant l'école primaire gratuite, obligatoire et laïque, une nouvelle école est construite, séparant les filles des garçons. Pour l'essentiel, ces bâtiments existent encore en 2017. Dès octobre 1882, un instituteur pour les garçons et une institutrice pour les filles sont en place. Désormais tous les enfants apprendront à lire, écrire et compter. 

Par suite de la diminution du nombre des habitants, l'école est menacée de fermeture à la fin des années 1970. L'arrivée de nouveaux habitants, la création  d'un syndicat intercommunal à vocation scolaire (sivos), avec Lavoux et Liniers, ont sauvé l'école et donné une nouvelle impulsion à la commune.   


Les communications 

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, les chemins étaient mauvais, souvent impraticables en hiver. La route de Châtellerault à Chauvigny passait par les hauts de Bellefonds. On allait à Poitiers en évitant la forêt, souvent perçue comme hostile (il y avait des loups). On franchissait la Vienne par un gué à Saint-Claud et sur un bateau conduit par un passeur à L'Écotière. Le chemin de Morthemara, de Châtellerault à Morthemer, était le  seul à avoir une relative importance sur la rive gauche de la Vienne, car il menait au champ de foire. 

Au milieu du XIXe siècle, la construction des routes, dans la vallée de la Vienne, de Châtellerault à Chauvigny et, sur le plateau, de Saint-Julien-L'Ars à Bonneuil-Matours, facilite les communications et le développement économique, ce qui a pour conséquence l’amélioration des conditions de vie des habitants. En atteste la cinquantaine de chars à banc tirés par des chevaux ou des mulets en 1900. Seront encore ouverts le pont de l'Écotière en 1904, puis, à la veille de la Première Guerre mondiale, le tronçon jusqu’à Chauvigny du tramway de Châtellerault à Bouresse. Fermé pendant les hostilités, il ne fonctionnera que jusqu'aux années 1930, concurrencé par le développement des voitures et des camions automobiles. 

Le conseil municipal refusa le téléphone en 1889, puis demanda un bureau téléphonique municipal en 1907. Il décide de créer une agence postale après la guerre, en 1921. En 2004, l'agence postale est  fermée, alors qu'Internet arrive dans la commune, le très haut débit se faisant attendre. 


Vers de nouveaux horizons

Il faudra pourtant attendre 1926 pour s'éclairer à l'électricité et les années 1950 pour disposer de l'eau courante dans les maisons. On imagine difficilement aujourd’hui les temps difficiles où l'on vivait et travaillait autrement (certains disent de façon archaïque). La mécanisation de l'agriculture, la disparition de la quasi-totalité des professions rurales traditionnelles, une nouvelle conception du confort domestique, la généralisation de l'automobile, de la télévision, des télécommunications, voire de l'informatique, l'arrivée d'habitants ayant de nouveaux besoins, la proximité avec la zone la plus dynamique du département de la Vienne, le souci de conserver pourtant une certaine qualité de vie « rurale », sont des réalités qui se sont imposées. Pour faire face à ces défis qu'elle ne pouvait relever seule, la commune de La Chapelle-Moulière est donc l'une des dix communes qui se sont liées pour fonder la Communauté de communes de Vienne et Moulière à la veille du XXIe siècle. Puis, en 2017, elle s’intègre à la Communauté d’agglomération du Grand Poitiers.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                           Jean ELIE, septembre 2017




Coordonnées

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2, rue de la Mairie
86210 La Chapelle-Moulière

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